C’est en parcourant l’un de mes magazines spécialisés préférés que j’ai appris l’existence du Rallye de l’Eifel en Allemagne. Celui-ci a lieu chaque année en juillet et permet aux anciennes gloires de la discipline d’évoluer en démonstration. Il s’agit essentiellement de véhicules des années 70 et 80. L’article consacré était illustré d’une magnifique photo de la Lancia Delta S4 dans sa livrée Martini, ce qui signifiait la présence probable d’autres «Groupes B». Ceci précipita la décision de m’y rendre dès l’édition suivante, c.-à-d. celle de 2017, d’autant que le point de ralliement de l’événement était la petite ville de Daun, à peine éloignée d’environ 300 km de mon domicile.

Après un court périple de 3 heures dont une à gravir plusieurs collines du massif de l’Eifel – qui offrent des points de vue sur la région volcanique à couper le souffle – je parque mon véhicule à l’hôtel et découvre cette charmante ville. Cependant, je n’ai pas vraiment le temps de faire du tourisme. En effet, la vue d’une Audi quattro jaune et blanche de la grande époque me fait accélérer le pas pour atteindre la place centrale où sont rassemblées toutes les voitures engagées.
Mon pouls s’accélère et mes mains deviennent moites car je viens maintenant d’apercevoir une Lancia 037 aux couleurs de l’équipe Grifone suivie d’autres véhicules de rallye célèbres. Je ne sais plus où donner de la tête. Ah ! Voilà une Peugeot 205 T16 Evo2 sur laquelle s’attèlent ses propriétaires mécaniciens. Dire qu’un poster de la Lionne de Sochaux, reine des rallyes à son époque, ornait ma chambre d’enfant et je la découvre enfin.
Difficile de mettre des mots sur ce que j’ai pu ressentir, c’est peut-être comme rencontrer une star du grand écran que vous admiriez depuis des années. Certains vont me rappeler le vieil adage selon lequel il vaut mieux ne pas trop s’approcher de ses idoles, mais je ne fus pas déçu : elle était aussi belle en vrai qu’en photo ou plutôt monstrueusement belle ! Je suis encore plus ému à l’idée que je pourrai la voir en mouvement dans les prochaines heures.

Mon tour sur la place va durer un long moment, le Rallye de l’Eifel faisant la part belle aux légendes du «Groupe B» : Ford RS200, MG Metro 6R4 et Renault 5 Turbo sont notamment de la partie. Un exemplaire de la version route de la Ford RS200 est également exposé. Ce n’est pas tout, de nombreux petits marchands de littérature sur le sujet, de DVD et de modèles réduits ont répondu présent… Que du bonheur !

De retour à l’hôtel, je prépare la spéciale de l’après-midi ou plutôt l’itinéraire pour m’y rendre. Je suis tellement enthousiaste que je me prends maintenant pour un pilote de rallye. Il faut admettre qu’être précédé ou suivi par un bolide de course sur les petites routes régionales n’aide pas beaucoup à revenir sur terre.
Le rallye de l’Eifel s’étale sur 3 jours et propose différentes épreuves de démonstration dans les campagnes et bois avoisinants. La première inscrite à l’agenda et à laquelle je décide de me rendre est le «Shakedown Mantaloch». Le nom de cette spéciale d’essais vient du fait que sept Opel Manta avaient terminé dans le même fossé la même année, qui avait ainsi été baptisé «Mantaloch», lorsque les routes de l’Eifel étaient encore le terrain de jeu du rallye d’Allemagne. Ce fameux fossé est aujourd’hui recouvert d’un ballot de paille pour protéger les véhicules historiques.
La lecture du descriptif dans le guide du rallye ne fait qu’amplifier mon impatience d’être sur place. Une fois arrivé, c’est une nouvelle joie qui m’envahit à la vue d’une Audi Sport quattro S1 E2 et d’autres voitures de rallye légendaires sillonnant la campagne.

Plusieurs «youngtimers» et même Thierry Neuville, en showman au volant de sa Hyundai WRC, sont également à l’action.
Le temps passe tellement vite quand vous retrouvez votre âme d’enfant qu’il est déjà l’heure de rejoindre l’hôtel pour reprendre des forces. Je ne résisterai cependant pas à la tentation de retourner sur la place le soir venu pour admirer tous les bolides occupés à se refaire une beauté, avec une attention particulière aux «Groupe B». L’événement est tellement accessible qu’il serait presque possible de photographier chaque durite et autre conduit d’admission des véhicules.

À noter qu’en 2017, trois prototypes du fabricant Toyota, dont un qui était destiné à concourir au sein du Groupe S – celui-ci ne verra finalement jamais le jour -, étaient visibles lors du rallye : le 222D basé sur le modèle MR-2 et les IS («Ideal Successor») 1 & 2 développés au départ des modèles Celica ST185 et Corolla. Il s’agissait d’une occasion rare de pouvoir les approcher.

Le lendemain, direction l’épreuve «Hyundai Super Stage» pour se plonger dans l’ambiance du rallye d’Argentine, recréée en partie grâce à un petit passage à gué artificiel. L’organisation de l’événement est remarquable et encore une fois je parviens à accéder au lieu de la spéciale sans aucun problème.
C’est un réel plaisir de voir les participants ne pas craindre les éclaboussures de boue provoquées par le passage à gué et s’engouffrer ensuite dans le bois en contrebas. C’est là toute la magie du Rallye de l’Eifel : admirer les voitures en centre-ville le matin et à l’attaque l’après-midi – avec les précautions d’usage vu leur valeur historique – sur les petites routes et autres chemins de terre, un peu comme si vous aviez fait un voyage dans le temps.

D’autres spéciales sont organisées tout au long du week-end. Une séance de dédicace avec la participation de célébrités de l’époque a également lieu (Stig Blomqvist, Hannu Mikkola, Kalle Grundel…).
Difficile de décrire le rallye de l’Eifel dans sa globalité en un seul article, mais pour tout nostalgique du «Groupe B», cet événement me paraît incontournable. J’ai donc pour ambition depuis 2017 d’assister à chaque édition!
Photos et article par Sébastien Dussart
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